Bonjour Julie, tu as deux chats : Surprise et Coquine qui partagent ta vie actuellement. Peux-tu nous les présenter ?
Surprise est un mâle Européen qui a trois ans et qui est né d’une portée sauvage dans les fourrés près de chez moi. Coquine est une femelle, également issue d’une portée sauvage. Elle est âgée d’un an et a les traits d’une sacrée de Birmanie.
Ils vivent beaucoup dehors mais ont le droit de rentrer à la maison. Ils sont tous les deux pucés et donc identifiés à mon nom. L’objectif est de bientôt acquérir des chatières connectées qui pourront permettre de laisser entrer mes chats dans la maison et non tous ceux de mon environnement voisin.
Comment tes chats sont-ils entrés dans ta vie ?
Surprise était le seul chaton survivant de sa portée. Je l’entendais miauler dans les fourrés depuis plusieurs jours sans jamais réussir à le trouver. Finalement, j’ai réussi à l’appâter avec de la nourriture pour chat. Coquine, pour être très transparente, était la plus jolie de sa portée d’une chatte errante. Je n’ai pas pu résister.
Peux-tu nous parler des actions bénévoles que tu mènes pour nos amis félins ?
J’habite en pleine campagne et de nombreuses personnes laissent proliférer leurs chats. Par conséquent, j’ai beaucoup de chats qui viennent chez moi et souvent des femelles gestantes qui ont très faim. Je les nourris car ce sont des chats errants et je ne peux pas imaginer faire autrement, je trouverais cela horrible. Elles finissent donc plus ou moins par rester, entre chez moi et chez les voisins. Elles restent bien évidemment aussi parce que tout le voisinage leur donne à manger.
La problématique est qu’elles se reproduisent tout le temps. Au fur et à mesure, si j’arrive à les attraper, je les fais stériliser systématiquement.
Comment fais-tu pour attraper les chats errants en toute sécurité ?
Ce n’est pas simple et c’est même « rockn’roll ». J’ai une cage de trappage que je pose à un endroit : il y a une porte qui se ferme automatiquement à partir du moment où le chat pénètre à l’intérieur et mange la nourriture qui s’y trouve (système de bascule qui ferme la porte).
Bien évidemment, les chats paniquent à ce moment-là mais il n’y a aucun danger pour eux. Je les laisse donc s’apaiser une à deux heures avant d’aller à leur contact. L’idée est ensuite de les transférer, à l’aide de gants bien robustes, dans une caisse de transport pour les amener à la clinique vétérinaire. Ce transfert peut être périlleux car l’enjeu est que le chat ne s’échappe pas et ne nous griffe pas au passage. Ce sont des chats qui sont errants, non domestiqués et qui n’ont pas l’habitude d’être contraints !
Autre contrainte à prendre en compte, et pas des moindres : il faut que je puisse attraper les chats adultes errants sur des jours d’ouverture de la clinique vétérinaire et éviter les veilles de week-end. En effet, un chat adulte ne pourra pas attendre deux jours en caisse de transport en attendant sa stérilisation.
Il m’est arrivé d’attraper la dernière femelle errante autour de chez moi un vendredi après-midi et malheureusement le vétérinaire de proximité n’a pas pu la prendre. J’ai été contrainte de la relâcher et depuis, je ne parviens pas à l’attraper de nouveau. Elle a très bien compris le stratagème.
Lorsqu’il s’agit de chatons, cela est plus simple. Ils sont généralement plus facilement manipulables et ils peuvent rester quelques heures de plus qu’un chat adulte dans la caisse de transport.
Qu’est-ce qui t’a motivée à commencer à attraper les chats errants de ton environnement pour les faire stériliser ?
- Ma conscience professionnelle : je travaille dans la santé animale et j’ai pleinement conscience de l’intérêt et de l’importance de la stérilisation. En moins de trois ans, un chat peut se reproduire et être à l’origine d’environ 300 chatons ! Il est donc important de limiter les naissances non désirées, les vagues de chats errants et les abandons.
- Mon amour des animaux : les chattes, une fois qu’elles mettent bas, si elles sont de nouveau pleines rapidement, elles finissent par repousser leurs chatons actuels qui sont donc non sevrés et livrés à eux-mêmes.
- Mon envie de ne pas être envahie par tous les chats du quartier !
La prolifération féline peut devenir un fléau dans certaines campagnes autant pour les chats que pour nous. Malheureusement, souvent, il n’y a pas de campagnes de stérilisation menées dans les milieux ruraux par les municipalités comme il pourrait y en avoir en milieu urbain. Je fais donc le choix de stériliser les chats de mon environnement et ceci, à mes frais.
Une fois que ces félins sont stérilisés, que fais-tu ?
Concernant les chats « adultes », j’ai fini par en adopter plein, malgré moi puisqu’ils ne repartent jamais. Il est vrai que je les nourris et de ce fait, ils n’ont pas l’envie de partir, mais ils ne rentrent jamais à la maison. Bien souvent, ils dorment dans mes dépendances ou dans le foin en extérieur et ils s’y sentent bien.
Lorsque je les fais stériliser, au retour de chez le vétérinaire, je ne les garde pas dans la maison car je le rappelle, ce sont des chats « sauvages » qui ne connaissent pas la domestication. Cela n’est pas envisageable de les garder sous surveillance malheureusement. Je n’ai encore jamais assisté à une complication post-opératoire, je les vois toujours par la suite en pleine forme.
Concernant les chatons, j’essaie du mieux que je peux de les placer dans des familles en demande d’adoption autour de moi et je les confie aux associations que je connais pour ceux que je n’aurais pu placer. Il m’est arrivé de payer l’identification et la stérilisation de jeunes chats mis à l’adoption au sein de ces associations. J’essaie de soulager comme je peux ces associations par ces actes.
Comment as-tu choisi les associations animales avec lesquelles tu collabores ?
Je connais deux associations à proximité de chez moi : « une patte dans la main » à proximité du Lion d’Angers et « Chats angevins sans famille ».
Concernant la première association, il m’est arrivé de leur rendre service en les dépannant en foin pour des chevaux ou chèvres qu’ils ont recueillis. J’ai connu la seconde association via une adoption que j’avais moi-même réalisée il y a plusieurs années, auprès d’eux, pour notre chat Pirouette rebaptisé « Einstein ». Malheureusement, elle s’est fait écraser à proximité de la maison… Nous avons fait une deuxième adoption auprès de cette association ensuite, d’un chat nommé Roukette, presque senior qui avait quelques soucis de santé. Il a vécu une belle fin de vie auprès de nous puisqu’il est décédé à l’âge de 15 ans.
J’ai donc pris de nouveau contact avec « Chats angevins sans famille » pour qu’ils m’épaulent dans mes actes de stérilisation de chats errants. Ils m’ont gentiment prêté une cage de trappage et donné le contact d’un vétérinaire avec qui je pourrais collaborer au sujet des stérilisations impromptues de ces chats.
As-tu un message à partager à la communauté MyPet en écho à ton histoire ?
Le premier message est : « faites stériliser vos chats ». Autant pour leur santé que leur bien-être et notre environnement, c’est important. Ce n’est pas parce que nous faisons le choix de les stériliser qu’il n’y aura plus de chats demain, nous sommes loin de ce point !
Y a-t-il des conseils que tu aimerais partager avec les personnes qui envisagent d’adopter un animal de compagnie, ou bien une anecdote ?
Je crois que ce ne sont pas les humains qui adoptent les chats mais les chats qui adoptent leur humain. Si votre chat a décidé de vous choisir, vous serez son humain pour la vie que vous le vouliez ou non 😉