Peux-tu nous présenter ta chienne ?
Oïka a 7 ans, c’est une chienne croisée (je ne connais pas les croisements), que j’ai adoptée via une association alors qu’elle avait 2 mois. Sa mère était errante et gestante. Une dame l’a recueillie jusqu’à ce qu’elle mette bas. Elle a donné naissance à 7 chiots, dont Oïka. Puis cette dame a fait appel à cette association afin que les chiots soient placés dans des familles.
Qu’est ce qui t’a attirée chez elle et comment est-elle entrée dans ta vie ?
Lorsque je suis allée voir les chiots, j’ai tout de suite repéré Oïka. Elle était dans son coin, à part de ses frères et sœurs. Elle me paraissait tellement fragile et malmenée par sa mère. Elle était magnifique avec ses yeux bleus, sa robe couleur « crème » et ses tâches blanches sur son poitrail et ses pattes.

Quand as-tu commencé à remarquer des comportements dits « réactifs » chez Oïka ?
J’ai commencé à remarquer des comportements dits « réactifs » très tôt. Elle avait des appréhensions vis-à-vis de ses congénères, elle n’était pas du tout à l’aise. Elle manifestait ceci en grognant et en s’agitant au bout de sa laisse. À ce moment-là, je me suis dit qu’elle était jeune et qu’en la socialisant, tout rentrerait dans l’ordre…
Dans quelles situations Oïka réagit-elle le plus souvent ?
Lorsque les présentations sont bien faites et que le congénère est calme, cela se passe plutôt bien en général. Dans le cas contraire, elle communique en grognant.
As-tu remarqué des déclencheurs ou des signes avant-coureurs ?
Oïka réagit lors des croisements, lorsque le congénère dépasse sa zone de confort. Elle n’est pas capable de croiser un congénère sans aboyer et se déchaîner au bout de la laisse. Une vraie lionne…

Quelles ont été les étapes pour comprendre et gérer sa réactivité ?
Les promenades sont devenues un vrai calvaire pour elle et pour moi. J’ai donc fait appel à une éducatrice canine. Elle m’a d’abord « rééduquée », car j’étais devenue extrêmement stressée lors des sorties avec Oïka. Elle m’a expliqué que plus je suis stressée, plus Oïka le sera (par contagion émotionnelle). En effet, le chien perçoit toutes les émotions de son humain (colère, tristesse, agacement, contrariété…). L’éducatrice m’a aussi appris à ne pas tirer sur la laisse losrque je vois un congénère au loin, car cela donne le signal à Oïka qu’il y a un danger. J’ai aussi reçu d’autres conseils, toujours dans la bienveillance.
Qu’est-ce qui t’aide à rendre son quotidien plus serein ?
Pour rendre son quotidien plus serein, nous allons nous promener à des endroits où je suis certaine de ne rencontrer personne, où je peux enfin la lâcher et lui donner un peu de liberté. C’est une chienne très anxieuse, je lui donne des friandises à mastiquer ou des tapis de léchage, cela l’aide à évacuer son stress.
Peux-tu partager un moment où tu as remarqué un vrai progrès d’Oïka ?
Oïka est capable de faire des balades collectives avec ses congénères lorsque sa zone de confort est respectée. Deux jours par an, je confie ma chienne à son éducatrice pour la garder chez elle, elle a 5 chiens calmes, et cela se passe plutôt bien.
Je reste tout de même vigilante car Oïka peut être imprévisible. Il y a des jours avec et des jours sans. Il faut faire avec.

Comment cette expérience a-t-elle changé votre relation ?
Nous avons une relation très fusionnelle avec Oïka. Je pense que si nous nous sommes rencontrées, ce n’est pas pour rien. J’ai appris à la connaître pour la comprendre et répondre au mieux à ses besoins, et surtout pour savoir la rassurer. Sa réactivité nous a beaucoup rapprochées, même si ce n’est pas facile au quotidien.
Qu’aimerais-tu que les gens comprennent mieux à propos des chiens réactifs ?
J’ai trop souvent senti le regard et le jugement des gens. J’ai même eu des remarques très désobligeantes…
J’aimerais que les gens comprennent :
- Qu’un chien réactif n’est pas forcément un chien agressif. L’amalgame est trop souvent fait.
- Qu’un chien réactif n’est pas « mal éduqué ». À la maison, Oïka est une chienne exemplaire. Elle est douce, gentille, obéissante.
- Qu’un chien n’est pas obligé d’être sociable avec tous ses congénères. C’est comme pour les humains, nous ne pouvons pas nous entendre avec tout le monde.
J’aimerais aussi que les gens comprennent que je travaille tous les jours sur la réactivité de mon chien, et ce depuis des mois, même des années. Et malheureusement, tout ce travail est fichu en 2 minutes quand un chien détaché déboule sur Oïka. Quand je demande aux propriétaires de rappeler leur chien, ce n’est pas pour les embêter ou remettre en question la gentillesse de leur chien, c’est pour ne pas anéantir le travail effectué avec Oïka.
Il faut comprendre que la réactivité est une réaction disproportionnée face à un stimulus. Pour Oïka, ce sont les congénères, pour d’autres, ce sont les humains, pour d’autres cela peut être les vélos, les voitures, les motos… Et pour certains chiens, c’est tout en même temps. Oika ne gère pas bien ses émotions, et je dois l’aider quand elle se sent débordée.
J’aimerais que les gens se rendent compte que c’est très compliqué, au quotidien, d’avoir un chien réactif. On ne peut pas se promener partout, on s’adapte en fonction de la réactivité de notre chien, on vit en permanence dans le stress lors des promenades, on anticipe tout… Et parfois, on baisse les bras, on n’a plus l’énergie ni la patience. Ensuite on reprend de la force, et c’est normal d’avoir ces phases.
Qu’as-tu appris sur toi-même grâce à ton chien et à ce parcours ?
J’ai appris qu’être propriétaire d’un chien réactif repose sur le travail de soi-même. J’ai appris à me remettre en question et à lâcher prise par rapport aux jugements et regards des gens. J’ai aussi appris la patience, car il en faut beaucoup pour gérer toutes ces situations…

Est-ce que ton chien a un trait de caractère particulier que tu aimerais partager ?
Pour décharger ses émotions, Oïka prend toujours sa balle dans sa gueule. Elle a ce rituel lorsque j’ai du monde à la maison, par exemple.
Quel message aimerais-tu transmettre aux personnes qui vivent avec un chien réactif et qui pourraient se sentir découragées par moment ?
Le message que j’aimerais transmettre c’est de prendre soin de vous, si le maître va bien, le chien se sentira mieux aussi, il se sentira en sécurité émotionnelle et ceci l’apaisera.
Il faut réussir à lâcher prise concernant tous les regards et les jugements que vous pouvez recevoir.
Ne vous découragez pas si parfois vous baissez les bras, vous en avez le droit. Et dans la mesure du possible, n’hésitez pas à passer quelques jours sans votre chien pour vous ressourcer et repartir du bon pied.
Surtout, faites vous aider par un professionnel compétent et bienveillant, cela aide énormément !
Y a-t-il des conseils que tu aimerais partager avec les personnes qui envisagent d’adopter un animal de compagnie?
À mon sens, tout futur propriétaire d’un animal de compagnie devrait avoir un minimum de connaissances sur l’espèce en question. Il faut beaucoup se renseigner en amont, en parler avec des professionnels et d’autres propriétaires, se renseigner sur internet et dans des ouvrages.
As-tu une lecture ou un podcast à conseiller à la communauté MyPet ?
Je conseille vivement le livre « Le chien, cet animal qui nous échappe » d’Audrey Ventura.
Le vétérinaire joue un rôle indispensable pour assurer une bonne santé de votre chien ou chat. Trouvez un professionnel près de chez vous !
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