Comment savoir si mon chien a un problème à l’œil ?

Toutefois s’il présente des problèmes oculaires, il n’aura certainement plus les moyens de communiquer aussi bien ses émotions. Certaines affections peuvent même entraîner des séquelles rapidement allant d’une modification de la structure de l’œil jusqu’à une perte totale de vue. Il est important que vous puissiez reconnaître très rapidement les affections qui touchent l’œil de votre chien parce que si le vétérinaire intervient très tôt il pourra, dans bien des cas, permettre une récupération optimale. 

Comment est fait l’œil du chien ? 

Pour pouvoir identifier un problème oculaire chez un chien, il est important de connaître la structure bien particulière de son œil. 

L’œil de votre chien, comme celui de la plupart des mammifères, a la forme d’un globe. La cornée est la couche la plus externe de l’œil et lui permet d’être protéger. Lorsqu’elle n’est pas lésée, cette couche est complètement transparente et vous permet d’observer la pupille de votre chien au centre d’un iris coloré.  

Le globe oculaire de votre chien est divisé en deux cavités remplies de liquide séparées par le cristallin. Le cristallin est une structure essentielle dans la vision puisqu’elle va permettre de concentrer les faisceaux lumineux provenant de l’extérieur sur la rétine, une couche située à l’arrière de l’œil. Cette couche contient une grande quantité de photorécepteurs qui vont permettre la vision. 

Contraire aux humains, les chiens possèdent trois paupières : une inférieure et une supérieure et une troisième paupière bien développée appelée « membrane nictitante ». Située dans la partie inférieure de l’angle interne de l’œil, entre la paupière inférieure et le globe oculaire, elle protège ce dernier et facilite l’élimination des corps étrangers superficiels. Elle contient également une glande qui contribue à environ 30 % à la formation d’une partie du film lacrymal de votre chien. 

Normalement, la membrane nictitante est invisible, cachée sous la paupière inférieure, mais elle devient apparente s’il y a un problème. On parle alors de « procidence de la membrane nictitante ». Il est donc important de vous familiariser avec l’anatomie de l’œil de votre chien et de bien repérer où se trouve sa membrane nictitante pour pouvoir identifier des modifications anormales de l’œil de votre chien. 

Les différents types d’affections oculaires chez le chien 

Plusieurs affections oculaires de gravités variables peuvent présenter des signes cliniques similaires, et seul votre vétérinaire sera à même de poser le diagnostic différentiel. De vous-même, ne prenez aucune initiative d’automédication, hormis éventuellement un rinçage au sérum physiologique. 

• Si la surface de l’œil de votre chien prend une apparence blanchâtre, c’est qu’il y a probablement un œdème de la cornée, lequel peut être dû à une blessure par corps étranger, un ulcère, mais aussi à un glaucome ou une infection virale. 
• Si votre chien a un œil à demi fermé, qui coule, avec la membrane nictitante (membrane rosée qui part de l’angle interne de l’œil) qui recouvre partiellement le globe, il y a peut-être un début de glaucome, mais aussi un ulcère ou un corps étranger (comme un épillet). 
• Si les deux yeux coulent, avec des paupières enflées, rouges, une infection ou une allergie est probablement en cours. 

En règle générale, un diagnostic précoce et une intervention rapide sont souvent indispensables pour sauver l’œil et éviter de graves séquelles. 

En effet, certaines pathologies peuvent engendrer de graves séquelles si elles ne sont pas prises en charge à temps. Par exemple un glaucome aigue peut faire perdre la vision à votre animal en seulement 48 heures. Des corps étrangers non détectés peuvent ulcérer l’œil, voire l’infecter rapidement.

Le pronostic et la récupération fonctionnelle des interventions thérapeutiques réalisées sur l’œil et ses annexes dépendent souvent du délai d’intervention après l’apparition des symptômes. D’où la nécessité de présenter toute affection ophtalmologique à un vétérinaire, qui seul pourra différencier les atteintes nécessitant une prise en charge immédiate d’autres affections plus bénignes. 

Voici quelques affections communes de l’œil du chien : 

Les conjonctivites chez le chien 

L’inflammation de la conjonctive est une affection très fréquente chez le chien qui peut avoir de nombreuses causes (allergies, infections bactériennes ou virales, irritations…). Lors de conjonctivite, l’œil est rouge et les tissus entourant la cornée sont gonflés (œdématiés). On peut aussi observer un écoulement oculaire et une légère douleur oculaire (votre chien garde alors souvent les yeux fermés ou se les frotte). 

En raison de ses très nombreuses causes, dont certaines sont infectieuses, il ne faut pas attendre pour consulter son vétérinaire qui fera les examens nécessaires afin de trouver l’origine de l’inflammation et mettre en place le traitement adapté, par exemple : 

• en retirant la source de l’irritation (cil mal placé, corps étranger, etc.) et en administrant un collyre pour calmer localement la douleur 
• en prescrivant des antibiotiques et des lavages oculaires en cas d’infection 
• ou en prescrivant un traitement antiallergique. 

L’épiphora : mon chien a l’œil qui coule

Il s’agit d’un écoulement lacrymal excessif (votre chien pleure tout le temps !). Les larmes, transparentes, qui s’écoulent peuvent à terme colorer en brun/rouille les poils mouillés ou leur donner une mauvaise odeur.

L’épiphora se développe lorsqu’il y a : 

• une sécrétion trop importante de larmes (cils mal positionnés, conjonctivite, ulcère cornéen), 
• une mauvaise évacuation des larmes (par exemple lors d’obstruction des canaux lacrymaux).

Les races canines de très petit format (miniature ou toy) semblent prédisposées souvent en raison d’un mauvais drainage lacrymal. 

Votre vétérinaire mettra en œuvre les examens nécessaires pour trouver la cause de l’épiphora et vous proposer un traitement adapté. 

Qu’est-ce qu’un entropion chez le chien ?

Certains chiens peuvent avoir leurs paupières qui s’enroulent vers l’intérieur (pathologie appelée entropion) : leurs cils irritent alors la cornée, ce qui créer une hypersécrétion lacrymale tandis que l’enroulement bloque l’appareil de drainage lacrymal empêchant les larmes de s’écouler correctement. Une intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour améliorer le drainage lacrymal et corriger la position des paupières. 

La sécheresse oculaire : mon chien a les yeux secs 

Là, c’est le contraire : l’œil est sec à cause d’une production insuffisante de larmes. 

Le glaucome chez le chien : un danger pour sa vue

Le glaucome se développe lorsqu’il existe un déséquilibre entre la production normale d’humeur aqueuse (liquide qui remplit la cavité en avant du cristallin) et son évacuation qui devient insuffisante. Sa quantité augmente et élève la pression intra-oculaire (PIO) qui peut engendrer des lésions au niveau de l’œil (l’augmentation de la PIO conduit, à terme, à une dégénérescence du nerf optique et de la rétine). 

Le glaucome s’accompagne de nombreux signes cliniques que vous pouvez identifier facilement :  

• Une dilatation de la pupille (attention, les deux pupilles peuvent ne pas avoir le même diamètre si le glaucome ne touche qu’un seul œil) 
• Un des deux yeux (ou les deux) peut apparaître également plus gros et saillant en raison de l’augmentation de son volume.  
• Une rougeur de l’œil ou une dilatation des vaisseaux situés dans la partie blanche des yeux 
• Une douleur parfois intense peut amener votre chien à garder ses yeux partiellement fermés ou plissés, ou se les frotter 
• Un abattement, une fatigue voire une perte d’appétit 
• Une perte de vision

Si votre chien présente un des signes de glaucome vous devez consulter immédiatement votre vétérinaire (c’est une urgence oculaire absolue !) pour éviter qu’il ne perde la vue.  

Le diagnostic du glaucome s’effectue par la mesure de la pression intraoculaire (PIO) à l’aide d’un appareil appelé tonomètre. 

Votre vétérinaire vous proposera ensuite les traitements adaptés pour réduire la PIO et la maintenir dans des valeurs physiologiques, soit par l’application de collyres soit par une intervention chirurgicale. 

La cataracte chez le chien

Tout comme nous, les chiens peuvent développer une cataracte. Il s’agit d’une opacification du cristallin qui ne laisse plus passer correctement la lumière. La lumière atteint ainsi moins bien la rétine et ses récepteurs, d’où une perte de vision plus ou moins importante pouvant aller jusqu’à la cécité (perte totale de la vision). 

Les cataractes sont fréquemment héréditaires et certaines races sont prédisposées (berger australien, bouledogue français, Staffordshire bull terrier, etc.).  

C’est une pathologie qui peut apparaître avec l’âge (en vieillissant, tout comme nous !) mais elle peut aussi se développer lors de diabète, de malnutrition, d’une irradiation, d’une inflammation ou d’un traumatisme. 

Comment savoir si mon chien a une cataracte ?

Le cristallin atteint de cataracte apparaît blanchâtre ou bleuté. Cette opacification, qui se voit facilement en regardant la pupille de son chien, peut toutefois être confondue avec la sclérose du cristallin (densification et durcissement normaux de la partie centrale du cristallin avec l’âge mais l’impactant pas la vision). Votre vétérinaire saura faire la différence entre ces deux affections. 

Comment évolue une cataracte chez le chien ?

Elle peut rester stable ou s’accentuer jusqu’à empêcher totalement la vision. L’évolution de la cataracte ou sa stabilisation dépend de plusieurs facteurs comme le type de cataracte, la race ou la présence d’autres facteurs de risque. Si sa baisse visuelle est progressive, le chien compense par ses autres sens (ouïe ou odorat) et il est parfois difficile de se rendre compte qu’il ne voit plus. 

Beaucoup de chiens s’adaptent à leur cataracte sans traitement. Toutefois l’opération de la cataracte, pratiquée par des vétérinaires spécialisés en ophtalmologie, peut leur permettre de retrouver une bonne vision. Parlez-en avec votre vétérinaire pour qu’il puisse examiner l’état général de votre chien et mettre en place le traitement le plus approprié.  

La luxation (ou prolapsus) de la glande lacrymale de la membrane nictitante (dite « glande nictitante ») chez le chien 

La membrane nictitante contient une glande qui, lorsqu’elle est enflammée, peut devenir visible, c’est ce que l’on appelle la luxation de la glande nictitante. Cette affection se caractérise par l’apparition d’une masse gonflée rouge/rosée, de la taille d’une noisette (d’où son surnom anglais : cherry eye ou œil « cerise » !) au niveau du coin interne de l’œil. Il est possible qu’au début elle n’apparaisse qu’à certains moments (luxation intermittente) jusqu’à devenir visible tout le temps (luxation permanente). Très souvent, cette affection s’accompagne d’une conjonctivite. 

Dès que vous constatez les premiers symptômes contactez votre vétérinaire pour mettre en place un traitement. La luxation intermittente peut être soulagée par des collyres anti-inflammatoires. Si elle est permanente, elle nécessite un traitement chirurgical (remise en place de la glande), car la glande nictitante enflammée trop volumineuse finit par irriter la conjonctive et gêner votre chien. 

Comment soulager l’œil de mon chien ?

Les affections oculaires présentent de nombreux signes cliniques communs si bien qu’il n’est pas toujours facile pour un propriétaire de faire la part des choses entre ce qui est urgent et ce qui ne l’est pas. En effet, une conjonctivite et un glaucome peuvent avoir des signes cliniques très similaires malgré le fait qu’une conjonctivite est très souvent bénigne alors qu’un glaucome peut entrainer une perte totale de vision de votre chien en 48 heures. 

C’est pourquoi le moindre doute en ce qui concerne une atteinte oculaire chez votre chien doit vous amener à consulter rapidement votre vétérinaire.